Black Elk parle (Black Elk Speaks) est unanimement considéré comme l’un des dix plus grands témoignages spirituels du XXe siècle. Emblématique de la tradition sioux lakota, il est devenu, selon l’écrivain sioux Vine Deloria, « la Bible des peuples autochtones d’Amérique du Nord ».
Black Elk (Hehaka Sapa, Wapiti noir) est né en 1863 à Pine Ridge et il y est décédé en 1950. L’extraordinaire « Grande Vision » – centrale dans cet ouvrage – qui fut la sienne à l’âge de neuf ans, en fit alors l’un des plus réputés wicasa wakan (« Saint-Homme » ou medicine man) de son époque.
En 1930, sa rencontre avec l’écrivain américain John G. Neihardt allait être à l’origine de ce puissant et poétique récit aux accents d’épopée maintes fois réédité depuis.
Jeune guerrier ayant participé à la bataille de Little Big Horn, qui verra la défaite et la mort de Custer, il sera blessé lors du massacre de Wounded Knee, point d’orgue de la tragédie et de la décadence de son peuple dont, dira-t-il, le « cercle sacré s’était brisé ». Il n’aura désormais de cesse de restaurer, par la spiritualité, le « Cercle de la Nation ». Il intégrera le Wild West Show de
Buffalo Bill, ce qui le conduira à traverser la « Grande Eau » et à voyager longuement en Amérique puis en Europe où il découvrira les affres de la modernité et… la compassion de la Reine Victoria, la « Grand-Mère Angleterre ».
Converti en 1904 au catholicisme et devenu catéchiste dans les réserves du Dakota du sud, – ce qu’il ne dit pas ici -, il saura entrainer vers la tradition catholique des centaines d’indiens mais avant tout soucieux de préserver et de transmettre l’héritage de sa propre tradition d’origine, il reviendra ouvertement à elle sur ses vieux jours. Black Elk Speaks, autobiographie contée à John G. Neihardt qui saura talentueusement la mettre en forme, est aujourd’hui étudié dans de nombreuses universités du monde.
En 2016, le nom de Black Elk a été donné au Pic Harney – où l’avait transporté sa vision – et l’Église catholique a récemment engagé son procès en canonisation, même si à l’évidence il sut marier dans l’intimité de son cœur les deux traditions et que son message prophétique a avant tout contribué à faire renaitre les rites traditionnels lakotas.
Cette « édition complète », préfacée par Vine Deloria, reprend la première et savoureuse traduction française, publiée en 1969, offre une introduction inédite de l’historien spécialisé Philip J. Deloria, une postface et d’instructives notes de Raymond J. DeMallie, l’auteur du remarquable Sixième Grand-Père, et réunit les illustrations réalisées à l’époque par Standing Bear, un proche ami de Black Elk.